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Mort de Aïssa Ihich le 27 Mai 1991 en garde à vue

Rediffusion d’un programme fpp du 29 janvier 2001

vendredi 24 mars 2017

Tristement d’actualité depuis la création de Fréquence Paris Plurielle et même avant, les violences policières et crimes racistes sont au centre des combats de la radio. Actuellement nous vous proposons un cycle de rediffusion sur ce thème, une mise en miroir avec le présent qui regorge d’affaires semblables à celles passées : même faits, même victimes (souvent de jeunes personnes issus de l’immigration, des quartiers populaires), même bourreaux en uniformes, même justice qui glisse sur ces affaires et les relaie aux oubliettes en acquittant les meurtriers, en bafouant les victimes et leurs familles. Douloureuse répétition qui doit pourtant cesser un jour, non ? En attendant, Fréquence Paris Plurielle n’oublie pas et rappelle à la mémoire les noms des victimes passées, et donne d’autres versions des faits que celles colportées par les médias dominant. Redonne du corps et de l’âme à ce que l’on appelle trop souvent "des bavures policières" ou " des interpellations musclées".

Aïssa Ihich : 19 ans, 45 kgs, 1m66. Il était asthmatique. Opéré de la rate, ce lycéen qui travaillait dans un fast-food les week-ends, avait le coeur fragile. Il est mort en garde à vue le 27 mai 1991.
Retour en arrière, deux jours plus tôt, le samedi 25 mai, Aïssa, après être rentré de son travail, s’en va à une fête de quartier. Mais des échauffourées éclatent entre la police et des jeunes refoulés d’une soirée se déroulant à la patinoire. Des renforts arrivent. Sept policiers – CRS et fonctionnaires du corps urbain – s’engouffrent dans une allée pour appréhender une bande de jeunes qui s’enfuient. Aïssa qui s’en revenait chez lui fait de même. Mais il est rapidement rattrapé par les CRS. Immobilisé, il est confié aux policiers de Mantes-la-Jolie : Bruno Lefèvre, Eric Mathelin et Jean Battistuta.
D’après un CRS qui tentera de s’interposer, le jeune homme est passé à tabac. Il hurle « Ne me frappez pas, je suis asthmatique ! » Peine perdue. Aïssa, qui n’est pas connu des services de police, est néanmoins mis en garde à vue dans une pièce mal ventilée, le stress, les coups et son tube de Ventoline qui se vide. Le lendemain ses parents tentent de lui faire parvenir ses médicaments. En vain.
A 18 heures le docteur Michel Perol l’examine pour le prolongement de la garde à vue. Ce toubib qui omet dans son rapport de signaler qu’Aïssa est asthmatique, juge son état de santé « compatible » avec la garde à vue. Privé de ses médicaments, les crises d’asthme deviennent de plus en plus fréquentes et violentes.
Le lundi la famille est appelée au commissariat. Alors qu’il devait être transféré à Versailles, accusé de « jets de pierre », Aïssa fait une grosse crise d’asthme, la dernière.
Dans le programme fpp du 29 janvier 2001, on revient sur les faits et les suites judiciaires de la plainte de la famille Ihich avec des membres du collectif justice pour Aïssa Ihich et des membres du MIB (Mouvement Immigration Banlieue). Vous pourrez entendre les témoignages de la mère et de la soeur de Aïssa qui nous donnent d’autres informations sur cette affaire et nous parlent de leur combat pendant plus de 10 ans pour établir la vérité sur la mort de leur fils, frère afin que les coupables soient punis.

Voici les résultats de la justice sur ce crime :
Près de ONZE ans se sont écoulés entre la mort d’Aïssa Ihich, le 27 mai 1991, et la condamnation en appel, le 06 février 2002, de deux policiers pour « ‘violences aggravées » qu’ils avaient infligées au jeune homme. Onze ans de procédure et de bagarre incessante pour que justice soit rendue. Une durée inconcevable qui montre les réticences qu’a une certaine justice pour condamner des policiers.
La cour d’appel de Versailles présidée par RIOLACCI Marc a donc reconnu coupables les deux flics d’avoir roué de coups le jeune Aïssa lors de son interpellation quelques heures avant son décès en garde à vue dans les locaux de Mantes-le-jolie.
Néanmoins, la même cour a ramené à 8 mois avec sursis la peine infligée aux fonctionnaires par le tribunal correctionnel de Versailles. Ce rabais a été calculé à dessein par les magistrats. En effet la loi de 1995 autorise l’amnistie des condamnations pénales inférieures à 9 mois.
Ce qui fait qu’il n’y a pas de peine, et donc qu’il n’y a pas de sanction sur le plan professionnel ni d’inscription au casier judiciaire. Les deux policiers-tueurs peuvent poursuivre leur carrière normalement …
L’avocate générale Marie-Guilhem BRASIER de THUY avait demandé la relaxe dans son réquisitoire … Rien que ça !
Quant au toubib, Michel Perol, la cour a maintenu la peine de un an de prison avec sursis pour « homicide involontaire » mais elle a demandé la non inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire, une façon de lui permettre de poursuivre sa carrière d’expert auprès de … la cour d’appel.

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