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Maurice Rajsfus (1928 - 2020) - Que fait la police ? Vidéo IM’MEDIA

samedi 17 octobre 2020

Vidéo diffusée par l’agence IM’MEDIA et disponible sur youtube.

6 décembre 2012, Paris. Dans le cadre d’une soirée de commémoration de Malik Oussekine et d’Abdel Benyahia, tous deux tués par des policiers en 1986 l’un à Paris l’autre en banlieue, Maurice Rajsfus présente son livre ’Je n’aime pas la police de mon pays’, publié par les éditions Libertalia.
Il y revient en particulier sur ses fameuses fiches bristol par milliers avec lesquelles « l’historien de la répression » recense depuis Mai 68 les exactions policières à partir de coupures de presse, ou sur l’aventure du bulletin mensuel ’Que fait la police ?’ (1994 – 2012), ainsi que sur l’Observatoire des libertés publiques, lancé le 6 avril 1994, un an jour pour jour après la mort de Makomé M’Bowolé, tué d’une balle dans la tête tirée à bout portant par un inspecteur de police dans un commissariat du 18ème arr. de Paris.

« Je me suis toujours senti, depuis la guerre [1939 – 45], et singulièrement ces vingt dernières années, héritier de mes parents étrangers et je suis étranger par héritage » déclare-t-il, en référence à ses parents juifs polonais arrivés à Paris dans les années 1920 (cf. son livre ’Mon père l’étranger’, éd. L’Harmattan 1989). Des ’juifs étrangers’ qui, dénoncés par un voisin policier, seront pris dans la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942 et mourront suite à leur déportation à Auschwitz. Enfants, Maurice Rajsfus et sa soeur en réchapperont. Plus tard, « j’ai commencé à m’intéresser aux exploits de la police, avec le massacre des Algériens de Paris le 17 octobre 1961 et le 8 février 1962 à Charonne. Et depuis, je n’ai jamais cessé de m’intéresser aux activités d’une police qui, d’un régime à l’autre, soit sous la gauche soit sous la droite a toujours des comportements identiques. C’est constant... »
« Depuis 1968, après les années où Marcellin et ses successeurs ont fait la chasse aux étudiants et aux lycéens, l’ennemi public numéro 1 avec la crise de 1974 –la crise du pétrole- est devenu l’immigré. Donc je comprends très bien ce qu’il se passe, comment ça se passe, pourquoi il y a cette chasse à l’homme, pourquoi il y a cette chasse aux jeunes, pourquoi dans le regard des policiers la guerre d’Algérie ne s’est jamais terminée en France après 1962." La volonté de Maurice Rajsfus, c’est « d’essayer de faire comprendre à la population que sa police, ce n’est pas la police qui défend la veuve et l’orphelin, c’est la police qui traque essentiellement les sans-papiers, les précaires, les parias, ceux qui n’ont pas de défense. »

Maurice Rajsfus intervient inlassablement, tel un ’vieux sage’, aux côtés des militant-es engagé-es dans des campagnes ’Vérité et justice’, comme lors du forum organisé par le MIB le 27 septembre 2001 devant la cour d’assises de Versailles dans l’affaire Youssef Khaïf ; lors du procès (juillet 2010) des révoltés de Villiers-le-Bel après la mort de Lakhamy et Moushin (percutés à moto par une voiture de police le 25 novembre 2007), il témoigne en leur faveur, fustigeant la délation de sinistre mémoire. Il participe également à plusieurs tentatives de relancer des réseaux antifascistes ou antiracistes qu’il voudrait plus efficaces. Lucide, il ne cache pas son pessimisme face au discours sécuritaire qui gangrène l’ensemble de l’échiquier politique, et qui sert l’extrême-droite. Pour lui, l’heure est à la résistance...